Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mange, Lis, Voyage
Derniers commentaires
15 octobre 2010

La carte et le territoire - Michel Houellebecq

Barometre_des_ventes_livres_Michel_Houellebecq_en_tete_avec_La_carte_et_le_territoire_reference

Pitch : Si Jed Martin, le personnage principal de ce roman, devait vous en raconter l’histoire, il commencerait peut-être par vous parler d’une panne de chauffe-eau, un certain 15 décembre. Ou de son père, architecte connu et engagé, avec qui il passa seul de nombreux réveillons de Noël. Il évoquerait certainement Olga, une très jolie Russe rencontrée au début de sa carrière, lors d’une première exposition de son travail photographique à partir de cartes routières Michelin. C’était avant que le succès mondial n’arrive avec la série des « métiers », ces portraits de personnalités de tous milieux (dont l’écrivain Michel Houellebecq), saisis dans l’exercice de leur profession. Il devrait dire aussi comment il aida le commissaire Jasselin à élucider une atroce affaire criminelle, dont la terrifiante mise en scène marqua durablement les équipes de police. Sur la fin de sa vie il accédera à une certaine sérénité, et n’émettra plus que des murmures.

L’art, l’argent, l’amour, le rapport au père, la mort, le travail, la France devenue un paradis touristique sont quelques-uns des thèmes de ce roman, résolument classique et ouvertement moderne.

Mon avis : Lorsque Priceminister m'a proposé de participer à la rentrée littéraire en lisant soit le dernier né de Despentes (bien nommé Apocalypse bébé) soit celui de Houellebecq me suis longtemps demandé lequel je prenais. La dame était un tantinet trop trash pour moi, le monsieur, pour l'avoir déjà lu, me sortait par les yeux. Je n'entretiens pas le suspens, j'ai donc choisi le mec (cela dit fallait bien que ça arrive au moins une fois dans ma vie).

La carte et le territoire. Le titre me plaisait bien déjà. Une vague idée de grands espaces, de terroir, de vacances, de nature, d'air pur ... oui oui rien de moins. Faut pas se leurrer ce n'est pas tout à fait ce qu'on trouve ici mais presque. L'histoire vous la connaissez si vous avez lu le "pitch" mais je la refais en quelques lignes. Jed Martin est un peu un pauvre mec mais un pauvre mec talentueux sans trop savoir comment. Il photographie puis il peint. Il a un succès monstre pour l'un comme pour l'autre, simple. Non ? Pas tant que ça. Au gré des pages l'artiste donc se découvre un homme plein de questions, d'inquiétudes, de rapports aux autres difficiles. On le suit à chaque grand moment de sa vie. De son entrée à l'école à sa première exposition dans une galerie sans vrai nom mais voisine de mon ancien chez moi ce qui m' a bien fait plaisir.

Et c'est tout là le "talent" d'Houellebecq dans ce livre. Du moins à mon sens. Loin de m'apparaître aussi torturé, narcissique et complètement à l'ouest, il prend ici le temps de décrire tout un monde qui nous est familier. Il se sert de figures connues (Pernaut, Beigbeder, Lepers.. et lui-même !), de quartiers parisiens (St Germain, Mouffetard, le 13ème arrdt), use et abuse de "repères" (le journal de 13h entre autres) pour nous faire rentrer de plein pied dans la vie de Jed Martin, artiste malgré lui. On est alors en présence du monde de l'art contemporain que Michel Houellebecq dépeind avec brio. Après une première période ou il photographie des objets industriels, Jed se tourne vers les cartes Michelin et c'est à cette occasion que "la carte et le territoire" prend forme. D'un nom d'exposition on arrive à une philosophie qui semble prôner l'affection à la carte, au "travail de l'homme".

Ce travail de l'homme va amener Jed à en faire des tableaux et naît alors une représentation picturale de la société. A cette occasion il rencontre Michel Houellebecq qui accepte de rédiger l'intro du catalogue de son exposition. Les deux hommes se rencontrent et l'on rencontre du même coup l'auteur qui parle de lui-même. Sans trop de complaisance. Jed va en garder l'espoir de le revoir ce qui va arriver mais pas aussi souvent qu'il l'aurait voulu puisque la dernière partie du livre nous présnte Michel Houellebecq, cadavre. Morceaux de cadavre devrais-je dire. C'est là le début d'une enquête policière que j'ai tout autant appréciée que le reste du livre. L'épilogue nous replonge dans la créativité de Jed et c'est sur lui que la page se tourne, sur son oeuvre et son message.

Au final une très bonne surprise. De ce que j'avais lu d'Houellebecq je m'imaginais le pire et ai été très agréablement surprise. Le style est enlevé, agréable, les personnages attachants (oui oui même lui !) et le contexte de l'histoire est vraiment intéressant.
Me reste à lire Despentes pour voir qui gagne le match mais je remercie vivement priceminister pour m'avoir offert ce livre que je n'aurai pas lu par moi-même sinon je pense.

Publicité
Commentaires
N
Et il a le Goncourt...! J'avoue que ma lecture a été laborieuse et parfois profondément ennuyeuse, même si je dois reconnaître que le talent est là... Cette façon de se mettre en scène..., j'étais au bord de la crise de nerfs ! ;-)
Publicité
Publicité