Une seconde vie - Dermot Bolger

Pitch : Sean Blake réchappe de justesse à un accident de voiture à la suite duquel il a été, pendant quelques secondes, déclaré cliniquement mort. À son réveil, bouleversé, Sean perçoit le monde tout à fait différemment, comme s'il débutait une nouvelle existence. Mais ce n'est pas la première fois que Sean voit sa vie modifiée. À six semaines, il a été retiré à sa mère, une jeune fille forcée par la société et l'Église de le laisser à l'adoption. Avec le sentiment d'être
devenu étranger à sa femme et à ses deux enfants, et très certainement en premier lieu à lui-même, Sean décide de partir à la recherche de cette mère dont il ne sait rien. Avec beaucoup d'émotion et de sensibilité, Dermot Bolger nous entraîne dans une histoire particulière (déjà évoquée au cinéma dans le très
émouvant Magdalene Sisters), celle de ces adolescentes irlandaises rompues et humiliées, dont le malheur se répercuta sur les générations futures.

Mon avis : Tout commence par une note de l'auteur, nous précisant que ce que nous tenons dans les mains est en fait la 2ème version d'un manuscrit rédigé il y a plus de quinze ans. C'est dire comme le sujet, comme l'angle et comme les personnages nécessitaient un travail de fond. J'imagine que "l'accouchement" était peut-être même un peu douloureux pour être si long.

Nous faisons la connaissance de Sean Blake, marié et père de deux jeunes enfants. Heureux. Jusqu'à ce qu'un accident de voiture l'envoie loin, très loin. Suffisamment loin pour qu'il voit les équipes de secours s'acharner sur son corps. Finalement il revient à la vie mais n'est plus tout à fait le même. Sa femme ne le reconnaît plus, il ne parvient plus à s'intéresser à son travail, pourtant sa passion, tout lui semble difficile. Il ne peut se défaire de ce qu'il a vu, ressenti lorsqu'il était dans cet entre-deux et son secret, bien enseveli, resurgit. Enfant adopté, il a rapidement décidé d'ensevelir cela et de ne pas y revenir. Il n'en a même jamais parlé à sa femme.

Parallèlement, sa mère, Elizabeth, s'est remariée, a donné naissance à 3 filles dont elle n'a jamais réussi à être vraiment proche. Elle n'a jamais oublié son fils. Ce fils qui lui a été retiré. Dont elle a du se défaire alors qu'elle avait 16 ans. Elle n'avait pas le choix. En Irlande, à cette époque, les jeunes filles qui tombaient enceintes, étaient rejetées par leur familles (ne nous leurrons pas, cela arrive encore aujourd'hui) et étaient confiées à des religieuses. Dans ces couvents, le pire se passait. Enfermées, elles accouchaient dans des conditions déplorables et donnaient leur enfant à adopter, quand bien même leur volonté était différente. Ces couvents, prisons de l'époque pour ces jeunes femmes abandonnées, font partie des heures sombres de l'Irlande mais font une toile de fond de toute beauté pour ce roman.

Par la suite, on suit Sean dans sa recherche de ses origines. Cette mère qui l'attend. Il ne le sait pas et, tout du long, nous sommes confrontés à ses doutes, ses questions. Celles de tout enfant adopté : si elle m'a abandonné, peut-être qu'elle ne voudra pas me revoir.
Nous le suivons donc, pas à pas, dans sa quête. Nous respirons mieux avec lui au fur et à mesure de la lecture, quand bien même les éléments qui nous apparaissent ne sont pas les plus simples.

Pour autant, hormis cette histoire qui est intéressante, j'ai trouvé la toile de fond trop "sirupeuse", un peu mièvre. Le personnage était sans doute trop passif pour moi et j'ai eu bien du mal à m'y attacher. La seconde partie du livre était toutefois plus rythmée, les éléments plus nombreux... mais la 1ère était vraiment trop longue, j'ai failli décrocher un certain nombre de fois.

Un avis assez mitigé donc. A la fois très intéressée par le thème, l'histoire, j'ai trouvé son traitement trop convenu et facile. Des personnages plus "vivants" auraient peut-être donné un peu de corps à ce récit qui le méritait bien.